Poèmes courts

CELEBRATION

Ci-gît tout poème
Moi dedans
Toi le dehors du poème
Moi eau
Toi coulée du poème
Pour ne sortir que lentement de la durée
Loin de toute permanence

POEME AMOUREUX


Je te secoue doucement en commençant par les paupières
Tu me chatouilleras délicatement les oreilles
Je secouerai tendrement ton rire
Je remonterai précipitamment tes chevilles
Je me mettrai imperceptiblement dans le prolongement de ton regard
Je prolongerai ton bras pour que tu puisses toucher en toi ce qui m'est le plus intime
Je m'accroupirai tout à côté de toi pour que rien ne m'échappe de ton haleine, si ténue soit-elle
Je me raccommoderai à une de tes poches, ne laisserai dépasser qu'un bout de mes nattes
Je me glisserai sous un de tes ongles et m'y coucherai pour l'éternité
Je me tiendrai entre l'index et le majeur de ta main gauche qui tient la page pour ne rien rater de tes yeux
Je voudrai être un champ de rêves dans ton sommeil où tu peux me récolter à volonté
Je voudrai me glisser, un papillon d'air, entre le respir et le dire pour ne jamais rien voir sans toi

Nous bougerons de nouveau
Sans que tu puisses voir la nuit
Une pierre coupée dans chacune de tes paumes
Comme si tout reprenait là où nous avions pris fin

MAIS LE RIRE VIENDRA

J'aurais voulu habiter la statue de la liberté, la jungle qui est dans sa tête
Les tortues, les léopards, les éléphants qui sont sur l'herbe au-dessus de sa tête
En vrai, la statue de la liberté est un dragon
Un dragon caméléon qui pousse sur toutes les balles perdues
Moi, je suis une balle perdue qui n'arrive pas à se retrouver parmi les autres
Une balle perdue qui se couvre de ton ombre
Moi, je suis une balle perdue qui frappe la joue diablement belle de la dragonne,
Une balle de rumeur dans un bol de riz que je tiens sous ton nez
Une balle perdue qui me prend pour ton œil, me presse contre ton cou
comme un dé à rejouer entre chacun de tes seins
Une balle dans les prés, dans les jungles de ta statue
/
Casser la gueule, t'as vu ça, au serpent qui creva
Tunique hachée, bouche aimée, des vaux-riens dans tout ça
T'as pas le monopole du monde, ni celui des mouches, ni celui du sable gobé,
ni celui des lèvres écarlates
Ça bombe le cul, ça tombe le cœur, fait beau
Ça se chauffe aux bisons, aux tisons, ça bombe le torse, fait pas beau
Taisons tes fronts, tes tendons
Moi, une balle perdue
/
Ah tout ce sein doux que je mélange à ton pain

Le rire viendra comme une décharge de sable dans tes semelles
©Seyhmus Dagtekin

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